Il y a des comparatifs… et puis il y a celui-ci... Le site PC Games Hardware vient de publier un dossier hors-norme : 180 cartes graphiques testées, de 2009 à 2025, dans les mêmes conditions. Un voyage qui retrace 16 ans à travers l’histoire des GPU, de la Radeon HD 5870 jusqu’aux toutes nouvelles RTX 5090 et Radeon RX 9000.
1. Pourquoi comparer des cartes aussi anciennes ?
Parce que l’histoire du gaming est aussi celle de ses composants. La Radeon HD 5870, première carte compatible DirectX 11, ou la GeForce GTX 480, gourmande mais révolutionnaire, ne sont pas que des antiquités. Elles ont posé les fondations de ce que nous vivons aujourd’hui : des mondes immersifs, des effets visuels époustouflants, et une course à la performance qui ne s’arrête jamais.
Mais comparer une HD 5870 à une RTX 5090 (qui dépasse les 100 TFLOPS !) n’est pas une mince affaire. Il faut :
- Une configuration ultra-haut de gamme (Core i9-14900KS à 6,2 GHz, DDR5-8200, RTX 5090 en pilote de référence). L’objectif : éliminer le plus possible les limites côté processeur et révéler les vraies performances de chaque carte graphique.
- Des benchmarks compatibles avec les cartes les plus anciennes,
- Et surtout, beaucoup de patience… et de drivers "legacy".
Mais le vrai challenge fut le choix des benchmarks : quatre tests soigneusement sélectionnés pour être compatibles avec les cartes anciennes tout en restant pertinents :
- 3DMark Fire Strike : le classique synthétique DX11, parfait pour mesurer l’évolution brute.
- Bioshock Infinite : un chef-d’œuvre visuel de son époque, avec ses ombres dynamiques et son post-traitement poussé.
- Tomb Raider (2013) : célèbre pour TressFX, une simulation capillaire révolutionnaire… et très gourmande en compute.
- The Witcher 3 : même en DX11, il reste un véritable test d’endurance pour les GPU les plus modestes.
Comme l'explique l'article, "les jeux récents ne fonctionneraient
simplement pas sur les vétérantes comme la Radeon HD 5870 ou la GeForce
GTX 480".
2. L'évolution architecturale : une révolution continue
2009–2012 : l’âge d’or de la bataille AMD vs Nvidia
- Radeon HD 5870 : première carte DirectX 11, référence de son époque.
- GeForce GTX 480 : puissante mais très gourmande.
- HD 7970 (GCN) : architecture solide, toujours réputée pour son "effet FineWine".
- GTX 680 (Kepler) : l’une des cartes les plus marquantes de Nvidia.
2013–2017 : Titan, Fury et Pascal
- GTX Titan et 780 Ti mettent Nvidia sur un piédestal.
- R9 290X tient tête mais consomme beaucoup.
- Fury X innove avec la mémoire HBM mais déçoit en pratique.
- GTX 1080/Ti (Pascal) : un mythe, puissance et efficacité record.
2018–2020 : le tournant du raytracing
- Nvidia introduit le raytracing avec les RTX 2000 (Turing). Les débuts sont timides mais posent les bases.
- AMD lance RDNA avec la RX 5700, marquant un vrai renouveau.
2020–2022 : la montée en puissance
- Ampere (RTX 3000) fait exploser les performances raster.
- RDNA2 (RX 6000) surprend avec l’Infinity Cache.
- Nvidia écrase le haut de gamme avec la RTX 3090 puis la 4090 (Lovelace).
2023–2025 : RDNA4 progresse, Blackwell déçoit
- AMD affine son raytracing avec RDNA4, enfin compétitif.
- Nvidia sort Blackwell (RTX 5000), mais le gain générationnel reste décevant.
- Intel poursuit timidement avec ses cartes Arc.
3. Des écarts vertigineux
Entre la modeste Radeon HD 5450 et la surpuissante RTX 5090, l’écart de performance atteint parfois un facteur 300 à 1000 ! Mais les anciens jeux testés (Bioshock Infinite, Tomb Raider 2013, The Witcher 3) rappellent que certaines limites viennent aussi des moteurs graphiques et non plus seulement du matériel.
Les performances relatives varient considérablement selon les tests. Par exemple, dans 3DMark Fire Strike, l'écart entre la plus lente (Radeon HD 5450) et la plus rapide (GeForce RTX 5090) atteint un facteur de 304 !
4. La surcharge du CPU : le véritable frein
Mais la surprise vient des limitations rencontrées : même les jeux autrefois considérés comme très demandeurs deviennent limités par le CPU sur les cartes modernes. La Radeon HD 5870 atteint péniblement 20 fps dans The Witcher 3, tandis que la RTX 5090 pourrait théoriquement dépasser les 500 fps si le processeur pouvait suivre.
Contrairement aux nouveaux jeux optimisés pour le multi-threading et les API modernes, les titres de l'ère DirectX 11 sont souvent incapables d'utiliser toute la puissance d'un processeur ultra-rapide comme le Core i9-14900KS utilisé pour le test.
Les développeurs de 2013 ne pouvaient pas prévoir la vitesse à laquelle les GPU se développeraient. Le résultat ? Les cartes graphiques modernes terminent leur travail de rendu en une fraction de seconde, mais elles doivent ensuite attendre que le CPU termine de calculer la logique du jeu, les données d'appel (draw calls) et les threads de base.
Le goulot d'étranglement est devenu un paradoxe : les GPU sont trop rapides pour le moteur du jeu.
5. Quelques enseignements :
La révolution n’est plus annuelle
Les premières années ont vu des bonds spectaculaires, chaque nouvelle génération marquant une rupture. Aujourd’hui, les gains sont plus progressifs, surtout côté Nvidia. Certaines architectures, comme Tahiti (HD 7970), Pascal (GTX 1080 Ti) ou Turing (RTX 2080 Ti), resteront dans l’histoire comme de véritables jalons.
Le phénomène "FineWine" confirmé
L'analyse confirme une tendance observée depuis longtemps : les cartes AMD vieillissent souvent mieux. La Radeon HD 7970, par exemple, dépasse aujourd'hui largement ses concurrentes Nvidia de l'époque comme la GTX 680, notamment grâce à ses 3 Go de mémoire plus adaptés aux jeux modernes et grâce à la mise à jour des pilotes ont continué à gagner en performance au fil des ans, surpassant parfois
des concurrentes directes initialement plus rapides. C'est un rappel que
le logiciel (les pilotes) est tout aussi crucial que le matériel.
6. En conclusion : que nous apprend ce méga-test ?
Ce comparatif historique est bien plus qu'une simple liste de chiffres. Il est la preuve que :
- La puissance brute n'est pas tout : L'optimisation du moteur de jeu et l'efficacité des pilotes sont primordiales.
- L'évolution est imparfaite : Nos jeux préférés d'il y a dix ans ne peuvent pas exploiter l'intégralité du matériel d'aujourd'hui.
- L'avenir est gourmand : Le Raytracing est la solution que l'industrie a trouvée pour continuer à solliciter les GPU et éviter la stagnation.
La prochaine fois que vous allumerez un jeu de votre bibliothèque vintage, rappelez-vous que votre carte graphique est peut-être plus limitée par le code qu'elle exécute que par la puissance qu'elle possède.
https://www.pcgameshardware.de/Grafikkarten-Grafikkarte-97980/Specials/180-im-Leistungsvergleich-Geforce-Radeon-Benchmark-1482486/3/
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