Pour une fois, je n'écrirai pas seulement sur le jeu vidéo, mais j'y reviendrai un peu plus tard. Au cœur de chaque système Linux se trouve le choix d'une distribution. J'ai toujours apprécié le fait qu'il y ait beaucoups d'options, mais j'ai longtemps joué la sécurité en restant dans l'environnement Ubuntu/Mint (j'ai aussi utilisé SUSE pendant un certain temps).
Au cours des dernières années, je me suis intéressé aux distributions en rolling release (en développement continu), pour de multiples raisons :
- J'en avais un peu marre d'une mise à jour tous les ans ou deux ans.
- La mise à jour sans réinstallation a brisé des choses à un moment ou à un autre.
- Je n'étais pas vraiment content d'ajouter des PPA dans Ubuntu/Mint pour bénéficier de paquets plus récents pour certaines applications.
- J'ai aussi voulu vivre un peu plus sur le fil du rasoir et découvrir à quoi ressemble la vie du côté des distributions en rolling release.
Les inconvénients potentiels des distributions rolling release sont bien connus : comme vous utilisez plus de paquets récents, vous êtes plus susceptible de rencontrer des bogues qui n'ont pas été découverts jusqu'à présent - vous êtes sur la ligne de front après tout.
Il y a maintenant beaucoup de choix pour le lancement de nouvelles versions. OpenSUSE Tumbleweed, Gentoo, Solus, Arch et je suppose Manjaro. Manjaro est basé sur Arch, inclut un programme d'installation graphique, mais se met à jour moins souvent que Arch.
Maintenant, j'ai travaillé pas mal de temps avec Solus, Antergos (qui est un installateur pour Arch), et Arch et j'ai le sentiment d'avoir passé assez de temps avec ces distributions pour partager mes impressions.
J'ai d'abord commencé mon voyage avec des distributions en publication continue avec Solus sur deux de mes machines. J'en ai encore une en cours d'exécution avec Solus en ce moment même. Ça avait bien commencé avec Solus mais elle s'est avéré être hétérogène jusqu'à présent. Elle est facile à installer, sympa par défaut, avec Budgie, leur interface de bureau basée sur GTK. La bibliothèque d'applications est sympa et a une quantité décente en choix. Si vous vous arrêtiez à la première impression, ce serait plutôt positif. Je suppose que si la plupart de vos tâches tournent autour de l'utilisation d'un navigateur, vous pouvez y aller.
Cependant, le plus gros problème avec Solus est qu'il a une politique très restrictive quand il s'agit d'inclure des nouveaux paquets. Leur politique est de n'avoir que très peu d'applications qui "font le travail" plutôt que de proposer du choix. Par conséquent, il y a certaines applications que je dois utiliser mais que je ne trouve pas dans les dépôts de Solus. Et non, pas seulement quelques-unes. Donc, je passe beaucoup de temps à installer des paquets de développement et à compiler à partir des sources. Juste pour donner un exemple récent, le week-end dernier, j'ai cela s'est vérifié à nouveau avec Digikam 6, bien que sorti il y a déjà 2 semaines quasiment partout ailleurs, il est toujours en version 5.x sur Solus.
Ensuite, il y a la question des paquets qui ne sont pas vraiment à jour, ou cassés d'une manière ou d'une autre. C'est le travail des développeurs, et je peux clairement voir qu'il y a une grande variabilité entre un moyen et un bon développeur. Blender, par exemple, est disponible sur le référentiel de Solus, mais ne supporte pas (à l'heure actuelle) l'accélération GPU pour le rendu avec Nvidia, ce qui le rend totalement inutile. Et cela a été signalé comme un problème depuis 2017, mais devinez quoi, ce n'est toujours pas réglé. J'ai également rencontré des problèmes avec des documents PDF dont le texte japonais n'était pas affiché correctement à cause de libpoppler, et mon problème a été signalé pendant des mois avant qu'il ne soit fermé et déclaré "corrigé" sans aucun test, d'après ce que je pouvais en juger, puisque le problème persistait. Je l'ai donc ouvert à nouveau, et honnêtement je dois ouvrir ces documents PDF dans le navigateur. Comme c'est "pratique" !
De plus, Solus s'attend à ce que vous suiviez de près ce qui se passe avec leurs décisions. En 2018, il y a eu un changement soudain d'URL du dépôt et si vous n'étiez qu'un utilisateur ordinaire de Solus qui ne vérifiait pas régulièrement les nouveautés, vous seriez tombé dans ma situation quand soudainement les mises à jour sont arrêtées sans qu'il n'y ait aucun avertissement préalable. Franchement, quand on adopte cette méthode, il faut au moins s'assurer d'avoir un système de messagerie interne à l'intérieur de la distribution pour s'assurer que les d'utilisateurs sont avertis. Quand j'installe Ubuntu, il n'y a aucune chance que je me mette à consulter les nouvelles d'Ubuntu.com ou autres. Idem avec à peu près n'importe quelle autre distribution.
Parlons maintenant du jeu. Solus a été certainement le pire choix pour jouer l'année dernière (2018), alors que ça améliore de nos jours. Pendant environ 6 mois, alors que tout le monde pouvait profiter de DXVK avec diverses mises à jour et améliorations des pilotes Nvidia, Solus a été bloqué sur une très vieille branche de pilotes Nvidia. J'ai presque eu l'impression d'être de retour sous SteamOS ! Pour une distribution en publication continue, qui prétend être conviviale pour les joueurs, c'était un désastre absolu. Et lorsqu'ils ont mis à disposition de nouvelles branches de pilotes Nvidia, ils les ont d'abord clairement qualifiées comme "non supportées", comme pour dire "si ça casse votre installation, tant pis". Voilà pour l'attitude conviviale avec le jeu.
La bibliothèque d'applications de Solus a des problèmes qui vont au-delà de la simple sélection de paquet. Vous ne pouvez installer qu'un seul paquet à la fois. Donc si vous voulez installer 10 paquets, vous devez cliquer une fois sur "installer" et attendre que le premier soit terminé avant de pouvoir passer au suivant. Il n'y a aucune notion de file d'attente. Souvent, l'application du magasin se retrouvait bloquée dans une boucle de mise à jour permanente. Il n'y a pratiquement pas d'informations sur les paquets, du moins rien qui ressemble à des descriptions appropriées ou des détails sur les fichiers qui seront installés, etc. Pas de commentaires. Vous avez également la possibilité d'installer des applications à partir de sources tierces, mais après l'installation, il n'y a aucun moyen de savoir si une mise à jour est disponible, il vous suffit de cliquer sur "vérifier les mises à jour" et attendre que le processus soit terminé, sans que cela vous donne aucune information. Le manque de transparence quant à ce qui se passe réellement est assez déconcertant.
Assez avec Solus pour l'instant.
Puis j'ai essayé Antergos sur une autre machine, juste pour voir. Essentiellement Antergos est c'est Arch avec un installateur facile à utiliser. Le problème, c'est qu'Antergos n'avait qu'un seul travail et ça craignait : les 2 fois où j'ai installé Antergos récemment (une fois il y a 4-5 mois et la dernière fois il y a une semaine), il y avait toujours au moins un problème avec l'installateur. Récemment Antergos a refusé de s'installer parce qu'un paquet Arch (UN !) a changé de nom. Il semble qu'ils n'aient absolument aucun groupe de contrôle puisqu'ils n'ont découvert ce problème que lorsqu'il a été signalé dans le système de suivi des problèmes. Le contrôle qualité est mauvais à ce point avec Antergos. Si vous passez l'installateur, tout va probablement bien, mais ma confiance en ce qu'ils font est maintenant entaché.
Eh bien, je suppose que je dois quand même remercier Antergos parce que leur installateur défectueux m'a poussé à essayer d'installer Arch Linux à partir de zéro. J'avais toujours entendu dire qu'Arch était "difficile à installer", avec une "courbe d'apprentissage raide", et maintenant je peux honnêtement dire que c'est de la foutaise si vous êtes même un peu familier avec Linux. La première fois que j'ai installé Arch, cela m'a pris 30 minutes, car j'ai fait attention à chaque étape, pour m'assurer de bien comprendre ce que je faisais. La deuxième fois (sur une autre machine), cela m'a pris la moitié de ce temps et j'ai ajouté le chiffrement de disque LUKS en plus. Arch n'est absolument pas difficile à installer, vous ne devriez simplement pas avoir peur de débuter avec la ligne de commande, c'est tout. Le wiki Arch est une vraie Bible qui contient tout ce que vous devez savoir. C'est la meilleure documentation de toutes les distributions.
Maintenant, une fois que vous passez à Arch, c'est un monde complètement différent de celui de Solus et honnêtement je n'envisage pas d'utiliser à nouveau Solus après avoir goutté à Arch. Arch est juste meilleur à tous points de vue, ce n'est même pas comparable. Ses paquets sont mis à jour presque dès la sortie de nouvelles versions (Digikam 6.0 est sorti en un rien de temps si je devais comparer avec Solus). Vous disposez d'une ÉNORME bibliothèque de logiciels maintenus par les utilisateurs avec AUR (Archlinux User Repository)- c'est incroyable comme il y en a beaucoup, et comme il est facile de vérifier comment les paquets sont assemblés en vérifiant le fichier PKG_BUILD.
Arch n'est pas parfait - j'ai mentionné des bogues avant, et le mois dernier, un jour, une mise à jour de bluez a cassé mon support bluetooth. J'allais le signaler, mais j'ai remarqué que quelqu'un l'avait déjà fait et qu'une correction était en préparation. Le lendemain, c'était réglé. Très, très réactif.
Avec les gestionnaires de paquets tels que Yay, vous pouvez également mettre à jour les paquets du dépôts ainsi que les paquets AUR en même temps. Solus ne peut pas le faire automatiquement avec des paquets qui n'appartiennent pas à son dépôt.
De plus, pour toutes les bonnes choses que les gens ont à dire à propos de Budgie, je ne trouve pas cela beaucoup plus utilisable que GNOME. Budgie n'a pratiquement pas d'applets/extensions, et récemment ils ont introduit le "mode caféine" comme si c'était nouveau, alors que GNOME a cette applet depuis 6 ans.
GNOME peut être assez génial une fois que vous ajoutez quelques extensions GNOME Shell, et je ne trouve pas que cela me ralentit (les raccourcis clavier vont accélérer les choses de manière significative). D'un autre côté, Budgie n'a pratiquement pas d'extensions et est difficile à personnaliser. Bien sûr, Solus et Arch vous permettent de changer d'environnement : GNOME, KDE et d'autres sont disponibles dans les deux cas.
Pour le jeu, Arch a de grands avantages puisque vous obtenez les derniers pilotes et les fichiers Mesa prêts à l'emploi, ainsi que les dernières versions de Lutris et autres produits similaires. Cependant, vous serez parfois confronté à des incompatibilités, même avec l'exécution de Steam. Je dirais que la plupart des jeux fonctionnent, mais c'est un peu plus aléatoire qu'avec Ubuntu.
Alors voilà. Solus est encore jeune et je suis presque sûr que sur cette base ils ne peuvent que s'améliorer, mais à ce stade pour mes propres besoins, je ne peux pas le recommander. Cela me semble fermé, lent en termes de rythme de développement, et la résolution de problèmes qui n'existent pas dans d'autres distributions semble prendre une éternité. Je trouve qu'Arch coche toutes les cases qui me tiennent à cœur pour l'instant : beaucoup de paquets, faciles à utiliser (après l'étape d'installation), vraiment à jour, et avec une documentation sur laquelle vous pouvez compter. Il y a certainement plus de travail pour tout installer au début, mais une fois que vous êtes prêt, votre investissement personnel est terminé et il est temps d'en profiter, car il offre beaucoup.
Sauce :
https://boilingsteam.com/solus-arch-rolling-in-the-deep/