Les politiciens français préconisent le déploiement d'une technologie de surveillance après une série d'attentats (traduction)

La France a jusqu'à présent résisté à un large déploiement de la technologie de surveillance dans les espaces publics. Cela pourrait être sur le point de changer.

Après une série d'attaques sanglantes, des politiciens de droite et un ministre du gouvernement du président Emmanuel Macron ont appelé à une utilisation accrue des technologies de surveillance, rompant avec les défenseurs de la vie privée au nom de la traque des agresseurs potentiels et de la prévention de nouvelles violences.

Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des transports, a déclaré à la suite de la décapitation d'un instituteur le 16 octobre qu'il était "largement favorable" à l'utilisation de l'intelligence artificielle pour lutter contre le terrorisme sur les réseaux de transports publics si le droit à la vie privée des individus était respecté.

"L'idée est d'utiliser l'intelligence artificielle pour traquer les comportements suspects, et cela se fait déjà dans plusieurs pays", a déclaré M. Djebbari à une station de radio nationale dimanche.

Ce commentaire semble aller à l'encontre des recommandations de la CNIL, qui a bloqué les tentatives de déploiement de caméras de reconnaissance faciale dans les espaces publics, les jugeant "ni nécessaires, ni proportionnées" à leurs objectifs de renforcement de la sécurité.

Mais le commentaire de M. Djebbari était en phase avec les appels croissants des politiciens de droite, qui réclament depuis longtemps une utilisation accrue de la technologie pour combattre le crime et le terrorisme, comme cela se fait de plus en plus dans d'autres pays européens, malgré les inquiétudes des régulateurs qui craignent que la surveillance en direct des citoyens ne viole les règles européennes en matière de vie privée, le règlement général sur la protection des données. 

Valérie Pécresse, une politicienne conservatrice et présidente de la région Île-de-France qui englobe Paris, a plaidé tôt vendredi pour la levée des restrictions sur la reconnaissance faciale.

"Dans notre région, nous avons placé des caméras dans tous les réseaux de transport. Nous ne pouvons pas les utiliser aujourd'hui pour lutter contre le risque terroriste", a-t-elle déclaré à la radio France Info. "Nous n'avons pas le droit d'utiliser la technologie de l'intelligence artificielle, qui nous permettrait de repérer les mouvements suspects - quelqu'un qui rôde, qui vérifie les lieux, quelqu'un que nous voyons porter une ceinture d'explosifs".

Pas de suspect, pas de résultat

Pécresse est soutenue par d'autres membres de son parti Les Républicains.

Dans la ville méditerranéenne de Nice, où trois personnes ont été tuées jeudi dans un attentat au couteau qualifié de "terrorisme islamiste" par Macron, le maire conservateur est également un partisan convaincu de la surveillance technologique. C'est une expérience de reconnaissance faciale dans sa ville - des caméras déployées à l'entrée de deux lycées - qui a incité la CNIL à se prononcer contre cette initiative en octobre dernier.

"En raison d'une institution démodée appelée CNIL, les gouvernements successifs ne cesseront de me dire que nous n'avons pas le droit d'utiliser la reconnaissance faciale, que je ne suis pas autorisé à utiliser une base de données [de sympathisants présumés du terrorisme]", a déclaré Christian Estrosi.

Il a ajouté : "Nous ne pouvons pas gagner la guerre contre cet ennemi avec les lois de la paix".

Les outils de reconnaissance faciale dépendent de la concordance des visages avec les enregistrements contenus dans les bases de données, et il n'est pas certain qu'ils auraient été utiles pour prévenir l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine ou celui de Nice.

Dans le premier exemple, l'agresseur, un réfugié tchétchène de 18 ans ayant le statut de résident en France, n'est apparu dans aucune base de données de sympathisants terroristes présumés, selon les médias locaux. Dans le second, la police a déclaré qu'elle n'avait aucune trace de l'homme tunisien qui est entré en France environ trois semaines avant qu'il ne commette son attentat au couteau.

Pourtant, alors que la France entre dans une période d'alerte accrue pour le terrorisme - avec un nouvel attentat déjoué vendredi - de telles considérations pourraient tomber au second plan parmi les appels à la répression. En vertu du RGPD les pays disposent d'une certaine souplesse pour contourner les règles s'ils estiment qu'il s'agit d'un impératif de sécurité nationale.

Jusqu'à présent, la CNIL a résisté à de tels arguments. Interrogé, un porte-parole a évoqué une déclaration de la fin 2019 dans laquelle l'agence appelle à un débat national sur l'utilisation de la reconnaissance faciale et d'autres technologies biométriques - un appel auquel le gouvernement de M. Macron n'a pas encore répondu.

source :

https://www.politico.eu/article/french-politicians-urge-deployment-of-surveillance-technology-after-series-of-attacks/

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