Notre santé est tout ce que nous avons. Mais maintenant, Google la veut aussi (traduction)

Les soins de santé vont être l'un des plus grands champs de bataille des entreprises au cours des 20 prochaines années.

Au Royaume-Uni, les dépenses de santé publiques et privées représentent déjà 10 % du revenu national (PIB). Aux États-Unis, les dépenses de santé représentent environ 17 % du gâteau économique. Comme les derniers baby-boomers prendront leur retraite d'ici 2030, ces chiffres devraient augmenter d'au moins la moitié et, si l'on y ajoute l'aide sociale, ils pourraient doubler d'ici 2040.

Il n'est pas étonnant que les géants de la technologie se présentent non pas comme des fournisseurs de téléphonie mobile, des moteurs de recherche ou des fabricants de puces, mais comme des entreprises de santé qui se tiennent aux côtés de leurs clients, en leur communiquant des données vitales sur leur rythme cardiaque, leur cholestérol et la manière dont ils peuvent accéder aux meilleurs conseils en ligne sur des pathologies allant de l'acné au Covid-19.

Cette semaine, l'UE devrait annoncer à Google que l'achat de la société Fitbit, spécialisée dans le suivi de la condition physique, pour 2,1 milliards de dollars de l'an dernier, fera l'objet d'une enquête antitrust. Bruxelles veut déterminer si le moteur de recherche américain accède à des données sur la santé pour renforcer son vaste secteur de la publicité.

Google fabrique son propre système d'exploitation smartwatch, tout comme Apple, Samsung et plusieurs entreprises technologiques chinoises. Les données sur la santé qu'ils acquièrent grâce aux différents appareils qu'ils utilisent sont comme de la poudre d'or à une époque où la santé est une obsession. Les notations et les ventes de montres utilisant le logiciel de Google sont relativement faibles, alors quoi de mieux que d'accéder à des millions d'utilisateurs de Fitbit et d'éliminer un concurrent en même temps ? Google nie qu'il utilisera ces informations pour aider les annonceurs à cibler leurs clients. Mais si le marché est conclu, nous ne saurons probablement jamais ce qu'il fera de ces informations.

La Grande-Bretagne dispose d'une ligne de défense contre cette exploitation grâce à son système de santé publique. Mais le NHS va s'appuyer de plus en plus sur les géants de la technologie pour ses services, comme il l'a récemment constaté après l'échec de son expérience de développement d'une application de test et de traçage du coronavirus. Celle-ci a été abandonnée en juin au profit d'une application fournie par Apple et Google.

Comme dans tant de domaines de la vie économique, la pandémie de Covid-19 va accélérer une tendance déjà bien engagée.

Tous les géants de la technologie ont utilisé la hausse vertigineuse de la valeur de leurs actions pour racheter des rivaux plus petits et dominer les marchés numériques. Parmi tous ces marchés numériques, la santé est le principal axe de croissance future, et toute entreprise disposant d'informations sur la santé est une cible potentielle. Et ce n'est pas seulement pour alimenter les bases de données, mais aussi pour maintenir l'image que les cofondateurs d'Apple, Tim Cook, Mark Zuckerberg, de Facebook et Larry Page et Sergey Brin, de Google, ont cultivée en tant que défenseurs de la santé de la nation. Il s'agit d'une stratégie de marketing qui sert de défense contre les enquêtes antitrust, en criant qu'une attaque contre les entreprises technologiques est une attaque contre leur capacité à soutenir les services de santé.

On a beaucoup écrit sur la facilité avec laquelle nous donnons des données personnelles, qui sont ensuite utilisées pour nous vendre des biens et des services dont nous ne savions pas que nous voulions et dont nous n'avons parfois pas besoin.

Les partisans du marché libre feront valoir que les porteurs de smartwatch sont parfaitement capables de discerner les publicités qui leur sont utiles et de savoir si les produits sont trop chers ou assortis de conditions onéreuses. Pourtant, plus l'IA et la manipulation des données deviennent le pain et le beurre de la recherche et du développement des entreprises, plus le terrain de jeu économique penche en faveur des entreprises et contre les consommateurs.

Il y a aussi des considérations plus larges. Les commissaires européens ne se pencheront pas sur la consolidation du marché des données sur la santé, mais simplement sur l'intégration verticale des services de Google, comme ils l'ont fait en examinant puis en interdisant à Microsoft de combiner son moteur de recherche Explorer avec ses autres logiciels il y a plus de dix ans.

Mais elle devrait examiner comment la consolidation dans de nombreux secteurs, et pas seulement celui des technologies de la santé, permet aux grandes entreprises de fixer les prix et les termes de l'échange.

Le Congrès américain n'est guère enclin à s'attaquer à l'excès d'influence des entreprises, bien qu'un programme antitrust revigoré fasse partie du manifeste de Joe Biden.

De même, la Grande-Bretagne est l'amie de l'oligopole, et cela ne va pas changer maintenant que le gouvernement se considère comme fauché et ayant besoin de tous les investissements privés proposés, même pour une application de test et de traçage.

Les dépenses de santé vont inévitablement augmenter au cours des 20 prochaines années, car les derniers baby-boomers commenceront à toucher leur pension. La question doit être de savoir quelle part de cette activité économique sera aspirée sous forme de profits pour les entreprises technologiques.

L'envolée du cours de leurs actions suggère que, NHS ou pas, les Britanniques seront soumis à la même pression que les consommateurs américains pour adopter l'hypocondrie comme mode de vie.

source :
https://www.theguardian.com/business/2020/aug/01/health-data-google-wants-it-all-fitbit-deal-big-tech

Miroir :
https://app.sigle.io/linkzilla1.id.blockstack/RogIeaklejHYUE8svGM-z

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