1. Le problème de la censure dans un monde centralisé
Comme le prédit la théorie des réseaux, le pouvoir se concentre de plus en plus dans notre monde connecté. L'effet secondaire malheureux est qu'une poignée d'entités contrôlent maintenant nos vies en ligne. Voici quelques exemples récents qui montrent les problèmes que cela pose.
Trafic sexuel et Tumblr
Le 17 décembre, Tumblr était la dernière parmi plusieurs de plateformes à interdire le contenu pour adultes. L'explication officielle était que cela créerait un espace " plus sûr " pour leurs communautés. Et pourtant, le moment choisi pour cette annonce était révélateur. Seulement quelques semaines auparavant, l'application Tumblr avait été bannie de l'App Store pour avoir hébergé accidentellement de la pornographie juvénile. En plus de révéler à quel point Tumblr dépendait de grandes entreprises comme Apple, il a montré comment Tumblr s'appuyait sur la plus grande plate-forme de toutes - le gouvernement des États-Unis.
Depuis l'adoption de la loi FOSTA/SESTA sur la traite des êtres humains à des fins sexuelles en avril, toute entreprise qui "sciemment" facilite la traite est passible de dommages et intérêts. Cela signifie que toute application ou tout site Web qui héberge du matériel illicite (même envoyé par l'utilisateur) sont à la merci poursuites civiles trop générales, que certains qualifient "d'une aubaine pour les avocats de première instance".
En essayant de nous protéger contre les horreurs du trafic sexuel, les gouvernements et les entreprises ont rendu le travail sexuel en ligne encore plus difficile et dangereux...
Les discours haineux et Patreon
Bien sûr, il existe d'autres menaces en ligne contre lesquelles une protection est exigée de nos jours. Le discours haineux est une menace croissante avec des conséquences réelles et terribles. Comme dans le cas de la traite à des fins d'exploitation sexuelle, les politiques utilisées pour la combattre sont incroyablement généralistes.
Les plates-formes de tous types sont maintenant sensibles même aux plus infimes suspicions de discours haineux. Au cours des dernières années, nous avons été témoins de nombreuses interdictions sur Twitter et de vidéos Youtube démonétisées (sans parler de suppression d'accès DNS dans d'anciennes affaires). Aujourd'hui, des plateformes plus petites comme Patreon s'occupent aussi des discours haineux. Quoi que l'on pense du bannissement par des plateformes de figures comme Sargon d'Akkad ou Naomi Wu, l'idée que des moyens de subsistance puissent être si facilement supprimés est effrayante.
Les adeptes du marché libre disent que ce sont des institutions privées qui peuvent faire ce qu'elles veulent - la concurrence garantira l'apparition d'alternatives viables. Et pourtant, cela n'arrive pas. Lorsque les créateurs sont passés de Patreon à Subscribestar, Paypal a retiré son soutien. Comme certains l'ont remarqué, les fournisseurs de services de paiement peuvent agir comme une couche supplémentaire de censure invisible.
2. Les seules solutions possibles
Dans un monde de monopoles et de pouvoir centralisé, il n'y a pas de réponses faciles. L'histoire du piratage de la musique et de l'industrie de la musique en Amérique est instructive dans la recherche de voies à suivre. Dans ce cas, 3 solutions sont apparues.
Espérer qu'un plus grand monopole émergera pour se battre pour nous
C'est ce qui s'est passé quand Youtube s'est attaqué à la RIAA. Avec sa propre armée d'avocats, Google a été en mesure de défendre le partage de musique et d'extraits de films dans le cadre des dispositions relatives à l'"utilisation équitable". Pourtant, l'industrie de la musique ne réalise qu'environ 9 milliards de dollars de revenus par an et elle a quand même réussi à venir à bout d'un monstre technologique de 700 milliards de dollars.
Changer le système de l'intérieur
Bien que les lois sur le droit d'auteur n'aient pas beaucoup changé après 1998, il faut être optimiste quant au succès de cette stratégie. De nombreuses personnes se sont mobilisées avec succès pour se défendre contre les projets de loi SOPA/PIPA de 2012. Bien sûr, il y avait quelques grandes entreprises de technologie de l'autre côté de la lutte pour aider. Et même alors, une bataille majeure a été perdue lorsque la FCC a mis fin à la neutralité du réseau l'année dernière.
Décentraliser, Décentraliser, Décentraliser,
La première bataille dans la lutte contre l'industrie du disque était BitTorrent. C'est le piratage musical large et décentralisé qui a finalement convaincu la RIAA d'être raisonnable. Contrairement à Napster qui hébergeait ses propres serveurs, BitTorrent était une hydre décentralisée. Il pourrait toujours y avoir une nouvelle tête.
3. Crypto et décentralisation
Dans la lutte contre la censure en ligne, il semble que la décentralisation soit la stratégie la plus viable. Comme l'a si bien dit Pia Mancini du Net Party argentin, "si vous ne pouvez pas les battre, isolez-les".
À l'heure actuelle, de multiples solutions de cryptomonnaies se font concurrence pour fournir des services bancaires à ceux qui se voient refuser ces services par nos surveillants. L'un des plus fascinants est SpankChain. Contrairement aux services traditionnels pour adultes qui reposent sur de grandes plateformes, SpankChain est décentralisé et ne peut être fermé par un prestataire de service de paiement (ndlr : comme Paypal). Leur jeton, appelé SPANK, existe en tant que monnaie que les utilisateurs du site de webcams peuvent dépenser au lieu de dollars. L'ensemble du système est bien présenté ici.
Bien sûr, comme dans toute histoire de crypto en 2018, il y a eu des hauts et des bas. Après une ICO réussie (ndrl : prévente d'une nouvelle cryptomonnaie sous la forme d'une campagne de financement participatif), l'entreprise a dû survivre à la baisse de la valeur de son Token et à un piratage majeur. Pourtant, ce service est vanté par ses utilisateurs, en créant un espace vraiment sûr et encourageant pour que les travailleuses et les travailleurs du sexe puissent gagner leur vie.
En ce qui concerne les discours, de nombreuses personnalités en ligne telles que Dave Rubin (ndrl : un comédien ayant une émission sur youtube) et Jordan Peterson (ndrl : un psychologue clinicien) acceptent maintenant du Bitcoin au lieu d'argent liquide. De même, au lieu d'abonnements, Scott Adams (ndrl : un dessinateur de bandes dessinées) accepte l'achat de tokens de sa start-up WhenHub. Oui, ces solutions ne sont pas encore équivalentes ou aussi sécurisées que Patreon. Pourtant, ils offrent l'espoir d'un monde où les créateurs ne peuvent être contrôlés par des élites financières lointaines.
Conclusions
Le sexe et la parole, deux piliers de l'expérience humaine, sont maintenant à la merci de multiples institutions disparates. C'est un problème qui devient de plus en plus visible chaque année. Personnellement, je ne m'identifie pas comme étant libertaire et je suis généralement sceptique quant aux solutions technologiques face aux problèmes sociaux. Pourtant, il semble clair que la seule façon de s'attaquer à la censure à l'ère de l'Internet est de moins compter sur les grandes organisations centralisées.
Si les cryptomonnaies représentent vraiment un retour à l'Internet décentralisé, elles représentent peut-être aussi une approche viable pour combattre la censure qui étouffe nos vies en ligne.
Par Michael Tauberg (Ingénieur).
sauce : https://medium.com/swlh/can-crypto-save-us-from-censorship-3a06eaea770e
Est-ce que les cryptomonnaies peuvent nous sauver de la censure ? (traduction)