Loi renseignement : la France bascule-t-elle dans la surveillance de masse ?

Depuis un mois, l'internet français est désormais surveillé par un dispositif utilisant des algorithmes secrets qui analysent les métadonnées de connexion (des marqueurs présents dans les données).

Les sondes DPI

Ce dispositif a été introduit par la loi renseignement de 2015 afin prévenir le terrorisme. Alors, quel est l'intérêt de cette mesure ? L'idée est de repérer les comportements suspects en analysant les communications grâce à des sondes DPI, afin de savoir qui communique avec qui, quand, à quelle fréquence, dans quels lieux, quels sites sont fréquentés, quels sont les hash de mot de passe et les pseudonymes, les déplacements, ect...

L'utilisation du dispositif est encadré par la CNCTR (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement) qui autorise la dés-anonymisation des données si un comportement suspect a été détecté par l'algorithme. Pour le moment, une seule machine a été déployée sur la demande d'un service de renseignement pour une durée de deux mois renouvelables par le Premier Ministre.

Mais chez la Quadrature du net on pense que ces machines sont expérimentées depuis longtemps et que la volonté de l’État français est de légaliser l'usage du DPI (inspection du contenu des données internet).

"Le rêve de toute société totalitaire"

Alors est-ce inquiétant ? Cette mesure seule peut paraître inoffensive, d'autant plus qu'il y a des gardes fous. Mais, dans le contexte de l'hystérie collective de la lutte contre le terrorisme, ce genre d'initiative pourrait s'avérer dangereuse pour les libertés sur le web. Surtout, si on prend compte que l'état d'urgence est passé dans la loi, qu'il y a des exemples récents de censure sur le net grâce aux lois antiterroristes et à la LCEN [1], que vos données de connexion sont conservées par les FAI et par les sites que vous consultez, ect... 

C'est toxique pour les libertés, parce que quand on se sait surveillé, on s'exprime moins, on censure son utilisation d'internet [2], on devient moins critique, plus obéissant...

Pour conclure, je citerais Benjamin Bayart, défenseur de la neutralité du net et des libertés, qui disait ceci lors d'une de ses conférences :

"Une société dans laquelle, il n'y a pas respect de la vie privée, c'est une société dans laquelle il est interdit de penser contre la pensée dominante, c'est le rêve de toute société totalitaire. Les sociétés qui surveillent la totalité de leur population sont toujours des sociétés autocratiques où le pouvoir a peur du peuple".

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